Carnet de route

Un glacier pour terminer en beauté
Le 18/07/2022 par DUBREZ Guillaume
Vendredi 1er juillet : ça y est, nous y sommes, la dernière virée de notre cycle alpi, c’est maintenant. Les troupes se rejoignent au café du relais des Ecrins, à Saint Christophe en Oisans, et nous découvrons Gaëtan guide de haute montagne qui nous accompagne dans ce we de clôture.
Equipés, nous quittons le parking sous un superbe soleil et attaquons la marche vers le refuge de la Lavey. Dès le parking, notre objectif du lendemain se dévoile à nos yeux : la tête des Fétoules et son glacier nous toisent, là-haut.
Le vallon est superbe sous le soleil de ce début d’été et la végétation luxuriante ou presque. Dans le fond le torrent de la Muande anime le tout, grossit des fontes de glace qui vont bon train sous ce soleil de plomb. De part et d’autres, ça grimpe raide. De notre bon pas, nous avons vite fait de gagner le refuge. Salutations faites et pique nique avalé, nous nous éloignons à quelques pas au milieu du chaos de rochers pour une séance de révision des classiques sous la conduite de Gaëtan. Béquets vous n’avez qu’à bien vous tenir, nous voilà prêts à cravater tout ce qui bouge. Petit temps off terminé, vient le moment de la traditionnelle préparation de course, sous le regard curieux et impatients d’un binôme d’artistes en résidence au refuge et bien désireux d’interragir avec notre groupe sympathique ! Ptit buff musical aussi sympathique et bref qu’inattendu, puis bon repas de refuge, l’heure de regagner le dortoir arrive vite, tout comme les ronflements qui bercent nos quelques heures de sommeil.
4 heures à peine passées, nous sommes dehors le ventre plein, tout équipés, et nous nous élançons dans la lumière de nos frontales. Le chemin sera long, 1700 mètres de dénivelé positif nous attendent. D’abord talonnés de bien trop près à notre goût par un anatolie zélé, nous poursuivons notre élévation d’un bon pas, mais plus raisonnable qu’au Coolidge, pour ne pas se griller. Efficaces, nous atteignons sans difficultés le pierrier puis nous équipons au pieds du chaos de rocher qui se dresse avant l’arrivée au col des Fétoules. Nos cordées évoluent dans une certaine autonomie, et le terrain est une bonne occasion de bosser l’assurage en mouvement. Les options de tracer divergent. L’abord du glacier est l’occasion de nous rassembler. C’est ensemble et après bonne concertation que nous attaquons ce champ de glace qui pourrait s’avérer piégeux avec la chaleur ambiante : conditions de glaces prédominantes, la neige est aux abonnés absents !
C’est derrière la cordée experte de Christophe et Gaëtan que nous pouvons emboîter le pas et faire nos premières armes pour certains sur un glacier, planter des broches,… Comme le prévoit la voie normale, nous terminons sur l’arête rocheuse notre ascension, avec un minimum de points et un maximum d’assurage en mouvement. Là-haut, averses de ciel bleu, tempête de degrés, nous profitons d’un somptueux panorama et de quelques aliments bienvenus. Sans nous attarder pour autant car nous avons un peu explosé l’horaire ! Mais la météo superbe et sans surprise nous le permet sans danger.
Arête rocheuse puis rappel, nous évitons un maximum le glacier pour la redescente, les conditions étant vraiment risquées. Première expérience de rappel sur une ligne totalement naturelle, en crampons et bien péteuse, ambiance ! Nos cordées reprennent de l’autonomie pour la désescalade du chaos rocheux, en bas duquel les premiers peuvent profiter d’une bonne sieste ! Le groupe s’étant reformé nous redescendons vers le refuge, dans une pérégrination qui paraît interminable. D’ailleurs, c’est après 19h, heure de la soupe que nous arrivons enfin, par petits paquet, au lieu du repos, chargés de soleil, fiers de notre périple, et bien fourbus !
Et comme si la montagne n’avait pas encore tout dit de sa générosité, nous profitons avec étonnement et plaisir d’un beau spectacle de notre duo en résidence, « le chemin du cailloux », conte musical aussi doux que drôle. Ainsi s’achève notre course du glacier des Fétoules, par une belle journée de début d’été, dans le pré du refuge de la Lavey !